lundi 18 janvier 2021

L'Heure c'est l'Heure !



 Comme la plupart des édifices publics des siècles passés, l’Hôpital de notre ville a sa façade
principale ornée d’une horloge qui indiquait l’heure et la sonnait, une première fois avec précision
puis une seconde fois 2 minutes après : c’était ce que l’on appelait en occitan : « le répic », la
répétition en français. Les riverains aimaient ces sonneries qui rythmaient leur vie ; ils s’y fiaient
tous les jours pour leurs diverses activités, notamment quand ils n’avaient pas de montre, ou
encore pour régler leur pendule de cheminée, voire leur Comtoise lorsqu’elle « déraillait ».


 Certaines photos ou cartes postales des années 1880 montrent l’existence d’un cadran d’horloge à
son emplacement actuel . Lorsqu’on traverse la cour d’honneur, on peut lire le nom du
fabricant dans les années 1861 à 1882 : « Beignet, rue Montmarte. 96 .Paris . »
Les travaux de restauration de la façade avec le rétablissement des ouvertures d’origine, ont
nécessité la dépose de l’horloge ; Francis Falcou en a profité pour aller examiner de près le
mécanisme de cette horloge du XIXème conservé dans les combles, et il a découvert un châssis et un
ensemble de rouages sur lesquels une pendule- mère porte le nom de Lussault, fabricant à Marçay
(Vienne, en 1872, puis à Tiffauges, en Vendée en 1929). Renseignement pris auprès d’un
spécialiste des horloges murales, Lussault a vraisemblablement réparé le mécanisme mais a laissé le
cadran au nom du 1 er fournisseur, Beignet .
Les recherches de Raymond Noubel, pharmacien de l’Hôpital de 1948 à 1978, lui ont donné accès au
fonds Marfan, ancien Trésorier Payeur- Général, Administrateur de l’Hôpital, et de savoir ainsi qu’il
avait financé la remise en état complète de ladite horloge. Nous savons par Mme Lasserre, veuve de
l’horloger Alain Lasserre, que cette horloge mécanique fut entretenue jusqu’en 1964 par son beau-
père, l’horloger Pierre Lasserre. L’usure des rouages motiva alors l’installation d’une horloge
électronique, en 1992, par la Maison Bodet de Toulouse. Celle- ci a mal supporté sa dépose puis sa
repose lors des travaux à la façade ; un essai de fonctionnement purement électrique n’a pas réussi :
elle avançait de 45 minutes ou retardait selon la saison car elle ne possédait plus le changement
d’heure automatique ; bref, elle ne servait plus.


 L’association des Amis de Castelnaudary s’est alors intéressée à elle de très près, reprenant contact
avec la Maison Bodet et proposant à la Direction de l’hôpital de prendre en charge le remplacement
de la défunte horloge au nom de la Conservation du patrimoine, sa grande activité depuis des
décennies. La nouvelle horloge électronique a donc été installée ce 19 novembre 2020 par le technicien
de la Maison Bodet, M.Boyaval-Level, assisté d’un agent des services de l’hôpital, M.Averseng ;
Francis Falcou a demandé que la sonnerie fonctionne à nouveau : la cloche, que l’on voit suspendue
à une ferronnerie ouvragée au-dessus du fronton, a été expertisée par Claude Seyte, éminent
connaisseur des carillons de l’Aude ; haute de 47 cm, d’un diamètre de 52 cm, elle pèse 90kg, sa
note est le sol 4 ; elle est signée Lussault à Tiffauges, et son fondeur est Bollet à Orléans en 1890. Les
« Campanistes  » la  surnomment « braillard » lorsque son tintement est de 24 h journalières ; ici il
commencera à 9H et cessera à 20H afin de ne gêner personne .
Les trois horloges de façade de notre ville étant actionnées par satellite, on ne pourra plus parler de la
discorde des heures que l’on a connue aux siècles antérieurs .