samedi 4 mai 2013

1913-2013 : le Petit Séminaire aurait eu 100 ans

Petit Séminaire Saint-François-Xavier de Castelnaudary.


Du Petit Séminaire aux Collèges laïques mixtes : 1955-1972.

L'historique du Petit Séminaire nous est bien connu grâce aux publications de l'Abbé Marcel Lamarque et de l'Abbé René Bonhoure dans "L'Appel" n° 122 (1978) ; à l'ouvrage de Louis Secondy en 1983, à celui de l'Abbé Jean Biau "Huit siècles d'enseignement catholique à Castelnaudary" (1998) ou encore, plus près de nous, celui de Francis Bennavail paru en 2010.
Au moment  où ce bel ensemble de bâtiments est appelé à disparaître en grande partie, Louis Thomas et Denis Amiel ont souhaité que j'évoque ce qu'est devenu le Petit Séminaire après son transfert à Carcassonne, en 1953, car j'ai soutenu à l'Université de Toulouse un Mémoire de Maîtrise ès Lettres consacré à l'histoire de l'Enseignement secondaire à Castelnaudary.
Ce travail, plus les recherches récentes aux archives municipales me permettent de répondre à leur souhait.
En 1953, après le départ du Petit Séminaire, la Ville possédait deux Collèges d'enseignement secondaire : le Collège Classique de la place Blaise d'Auriol, et le Collège moderne (ancienne École  primaire Supérieure de filles) 1, grand rue. Tous deux connaissaient un accroissement de leurs effectifs qui nécessitait un agrandissement ou une construction dans un autre site.
La municipalité en place et son Maire Gaston Garouste avaient projeté la construction d'un Collège de jeunes filles  sur le domaine de Saint-Jean, légué à la Ville dans ce but par Mme Jean Durand veuve du Député-Maire, le 26 septembre 1947 ; pour ce qui était du Collège Classique, on agrandirait "in situ". Pendant deux années scolaires (de 1953 à 1955), le Collège classique sera transféré à la caserne Lapasset, vide alors de tout occupant, afin de réaliser aisément les travaux de construction de l'aile qui surplombe la rue de l'hôpital ;  la situation était plus délicate au Collège moderne ; c'est pourquoi, en raison de l'urgence, le Conseil municipal décida dans la séance du 9 juillet 1955 de "prendre en location à l'Association Diocésaine qui y consent, un local destiné à être aménagé en dortoir à l'ancien séminaire, dans l'attente du transfert du Collège au domaine de  Saint-Jean".
Le Conseil inscrivit au budget la somme de 150000 Francs destinée au paiement du 1er semestre de loyer.
Le dossier de construction d'un nouveau Collège de jeunes filles prenant plus de temps que prévu, il fallut à nouveau gérer l'urgence pour la rentrée de 1956 ;  le Maire présenta donc au Conseil municipal, lors de la séance du 8 décembre 1955, "la proposition d'achat de tout l'immeuble de l'ancien petit Séminaire appartenant à l'Association Diocésaine, au prix de 12 millions de Francs pour répondre à l'accroissement de la population scolaire jusqu'à l'achèvement de la construction du Collège de Jeunes filles, considérant aussi qu'il pourrait par la suite être utilisé pour les besoins du Collège Classique dont les locaux sont déjà insuffisants" (ils venaient pourtant d'être agrandis de 1953 à 1955 par la construction de l'aile qui surplombe la rue de l'hôpital).        
L'Architecte Départemental,  Henri Castella, avait visité les locaux du Petit Séminaire le 19 janvier 1955 et trouvé les bâtiments nord et est en bon état ; par contre les bâtiments sud (petite cour) "ont une vétusté avancée, un mur porteur menaçant ruine". La superficie du bâti est de 1550 m2 et le non bâti de 1595, soit un total de 3145 m2.
La réforme Berthoin, promulguée en 1959, transforma les Collèges classiques  et modernes en Lycées ; le Principal du Collège classique, M. Reyter, prenant sa retraite en septembre 1961 et la Directrice du Collège moderne, Mlle Cabrignac, en 1962, le Ministère décida la fusion des deux lycées dans les bâtiments construits à partir de 1961 sur le domaine de Saint-Jean. La mise en service se fit dans les conditions suivantes : l'externat du nouveau Lycée ouvrit le 21 septembre 1962, sous la municipalité Tufféry ; les internes garçons demeurèrent hébergés à l'ancien Collège classique ; les internes filles, de la 6e à la 4e à l'ancien Petit Séminaire, et celles des sections commerciales demeurèrent à l'ancien Collège moderne.
L'externat connut aussi une dispersion  des locaux puisque seules les classes de 3e aux terminales s'installèrent dans le nouveau Lycée, les 4e au Petit Séminaire et les 6e et 5e à l'ancien Collège classique ; cette situation dura trois ans, le temps de permettre l'achèvement des travaux de construction ; c'est donc dans les locaux du Petit Séminaire que j'ai été amené à enseigner les Lettres modernes durant l'année 1962-1963 ; je n'en garde point un souvenir impérissable : locaux où la grisaille l'emportait aisément sur l'azur de la voûte céleste, mais où les effectifs étaient fort à l'aise dans les classes comme dans les cours de  récréation.
Durant les années scolaires 1963-1965, le Collège classique regroupe tous les élèves garçons et filles sous le nom de Cycle d'observation ; à partir de 1966, il redevient Collège à part entière, de la 6e à la 3e et prend le nom de Blaise d'Auriol en 1971 ; le Petit Séminaire lui servira d'annexe jusqu'en 1972 ; il sert alors à loger un employé municipal dont l'épouse fait office de concierge pour les locaux scolaires, à savoir : quatre classes et un autre logement attribué à un surveillant.
Le plan d'urbanisme établi à cette date considère que "le petit Séminaire englobé dans un îlot insalubre à remodeler, est pratiquement irrécupérable" ; en conséquence, le Conseil municipal de Jean-Pierre Cassabel adopte, dans la séance du 31 janvier 1972, la proposition de la commission des finances d'aliéner, au profit de M. Michel Cauquil, demeurant 12 rue Marfan, l'ensemble des bâtiments dits Petit Séminaire, au prix de 100000 Francs. L'acte de vente est signé le 28 août 1972.
Ainsi prit fin la longue vie de ce grand établissement d'enseignement pour devenir une... conserverie ! SIC TRANSIT GLORIA MUNDI !

Francis Falcou,
Professeur certifié (e. r .)
Président des Amis de Castelnaudary

1er Mai 2013, réunion des Anciens élèves du Petit Séminaire.

Sources consultées : 
Archives Municipales (registres de délibérations) avec mes remerciements à Mlle Bousquet, Archiviste.
Archives privées (Francis Falcou).